Note d'intention




 

© Coralie Lèguevaque


Renaître animal / Note d'intention


            Les peintures rupestres du paléolithique témoignent du rapport fantasmatique que les humains entretenaient avec les animaux. Ils étaient le fondement de leur univers : empathie profonde, éthologie poussée, conscience de leur nécessaire présence pour survivre, crainte face à leur très grand nombre et leur dangerosité. 

Comme eux et par eux : vivre et mourir, tuer et renaître.


Renaître animal est une relation chorégraphique entre humains et animaux-marionnettes : masques, accessoires portés, prolongements du corps… Rhinocéros laineux, ours des cavernes, cerfs mégacéros, lions des cavernes, chevaux de Prejwalski, mammouths et aurochs se sont éteints à la fin de la dernière glaciation.


Pour les peuples du Grand Nord, comme les Gwich’in, le mot «animal» n’existe pas. On dit parfois «l’autre» pour désigner cet être dont le pelage ou «l’habit» dissimule une humanité indiscutable, ce qui en fait un double de soi-même. Les masques Kodiak et Yupik, représentant un phoque ou un plongeon, ont leur partie centrale occupée par un visage humain. Ils sont révélateurs de cette conception du vivant. La rencontre en rêve de l’animal est le prélude à sa mise à mort. Il s’offre au chasseur pour perpétuer le cycle de ses réincarnations. Son dépeçage minutieux et le rituel funéraire subliment ces relations intimes et passionnées.


Nous mettons en scène cette rencontre de l’humain et de l’animal, leur nature interchangeable et métamorphique. Sur le modèle onirique, nous créons un récit non linéaire. Notre dramaturgie est une constellation tissée de gestes, de motifs plastiques, de lumières, d’ombres et d’éléments sonores. Toutes les situations sont inspirées des mythes et des cosmologies animistes des peuples chasseurs-cueilleurs.


Coralie Lèguevaque et Philippe Fauré, 

septembre 2023